L'ulcère de l'estomac et l'ulcère duodénal (ulcère gastroduodénal)
L'ulcère gastroduodénal, aussi appelé ulcère gastrique s'il est situé dans l'estomac et qui se nomme ulcère duodénal lorsqu'il se forme dans le duodénum (première partie de l'intestin grêle), sont en quelque sorte des plaies forme d’une érosion qui pénètre profondément dans la paroi du tube digestif (voir schéma).
Ces plaies sont souvent douloureuses : elles entrent directement en contact avec l’acide présent dans le tube digestif. Une situation comparable à l’application d’un tampon d’alcool sur une éraflure.
- L'ulcère gastrique : il se situe dans l'estomac ;
- L'ulcère duodénal : il se situe dans la jonction entre l'estomac et l'intestin
Quelles sont les causes ?
Ulcères, la faute à une simple bactérie et aux anti-inflammatoires
La prise de médicaments tels que l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens/AINS, en cures courtes ou prolongées peuvent être à l’origine d’un ulcère gastro-duodénal. Schématiquement, les AINS inhibent des enzymes (cyclo-oxygénases 1 et 2) essentielles à la synthèse d’acides gras dénommés prostaglandines. En temps normal, celles-ci stimulent la sécrétion de mucus protecteur des parois gastriques et refrènent la production d'acide chlorhydrique par l’estomac.
Entre 15 et 40 % des individus développent un ulcère sous AINS, quelle que soit la voie d’administration, intra-rectale, intramusculaire ou orale.
La seconde cause principale d’ulcère est l’inflammation chronique de l’estomac appelée gastrite entretenue par Helicobacter pylori, une bactérie résistante aux sécrétions acides. Une personne sur cinq avant 30 ans, et une sur deux après 50-60 ans héberge Helicobacter pylori, qui colonise pendant plusieurs années la muqueuse gastrique.
L’infection à Helicobacter pylori est présente dans 85 % des cas d'ulcère gastrique et dans 95 % des cas d'ulcère duodénal.
Néanmoins, les mécanismes d’ulcération diffèrent selon la localisation.
Dans l’ulcère gastrique, les médicaments et la gastrite à Helicobacter pylori fragilisent la couche de mucus qui protège la paroi gastrique. Celle-ci devient vulnérable aux agressions acides du suc gastrique (pH entre 2 et 4). L’ulcère gastrique n’est donc pas à mettre sur le compte d’une hyper-acidité mais d’une baisse des mécanismes de protection de la paroi de l’estomac.
Dans l’ulcère duodénal, cette altération des mécanismes de défense existe aussi, sous l’action des AINS et de l’aspirine. Mais lorsque la bactérie Helicobacter pylori est présente, responsable d’une inflammation de l’antre de l’estomac (gastrite chronique), la sécrétion acide est stimulée. Cette hypersécrétion acide fragilise à son tour la barrière de mucus, d’autant que celle-ci est plus mince au niveau du duodénum qui n’est habituellement pas un milieu acide.
Certaines tumeurs, exceptionnelles, comme les gastrinomes du pancréas ou du duodénum (syndrome de Zollinger Ellison), sécrètent la gastrine. Cette substance favorise l’hypersécrétion acide et donc potentiellement la survenue d’ulcères.
Le rôle du tabac dans la formation de l’ulcère est discuté. Il ralentirait plutôt sa cicatrisation.
Le terrain génétique peut prédisposer à des ulcères gastriques et donc à des cancers de l’estomac.
Ulcère de l'estomac ou du duodénum : quels symptômes ?
Cette douleur épigastrique peut également survenir la nuit. Elle est calmée par la prise d’aliments ou d’un médicament contre les sécrétions acides.
Elle se manifeste souvent par poussées de quelques semaines, alternant avec des phases sans symptôme.
Un ulcère de l'estomac ou du duodénum peut aussi engendrer des manifestations plus atypiques, comme une simple gêne sous les côtes.
Dans certaines formes de la maladie, les repas et la prise d’aliments n’ont aucune influence sur la douleur.
Enfin, certains ulcères sont asymptomatiques. Leur présence peut être révélée par une
pratiquée pour une autre raison, par exemple la surveillance d’une gastrite (inflammation de la de l’estomac).
Complications
La plupart des ulcères gastroduodénaux peuvent être guéris sans
complications. Cependant, dans certains cas, les ulcères gastroduodénaux
peuvent entraîner des complications pouvant menaçant le pronostic
vital, comme :
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Saignement (hémorragie)
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Pénétration
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Perforation
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Occlusion (blocage)
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Cancer
Les traitements médicaux de l'ulcère de l'estomac et l'ulcère duodéna (ulcère gastroduodénal)
- diminuer l’acidité de l’estomac, pour soulager les douleurs;
- traiter l’infection à la bactérie Helicobacter pylori, ce qui aide aussi à prévenir les récidives.
Médicaments
Les médicaments suivants, souvent utilisés en association, mènent à la guérison de plus de 90 % des ulcères en 4 à 8 semaines.Pour diminuer l’acidité
Antihistaminiques H2. Ces médicaments réduisent la quantité d’acide que fabrique l’estomac. Cela permet de protéger la partie atteinte pour lui donner le temps de cicatriser. Le terme H2 désigne les récepteurs à histamine. Le médicament se lie aux récepteurs à histamine de façon à empêcher leur activation. La cimétidine (Tagamet®), la famotidine (Pepcid®), la nizatidine (Axid®) et la ranitidine (Zantac®) font partie de cette catégorie de médicaments. Il est possible de se les procurer en vente libre dans une pharmacie.Inhibiteurs de la pompe à protons. Ces médicaments (l’oméprazole (Losec®), le lansoprazole (Prevacid®), le pantoprazole (Pantoloc®), le rabéprazole (Pariet®) et l’ésoméprazole (Nexium®) réduisent l’acidité de l’estomac encore plus efficacement que les antihistaminiques H2. Ils s’obtiennent sur ordonnance. Ils agissent en inactivant les « pompes » qui produisent l’acide chlorhydrique. Ils inhiberaient aussi la multiplication des bactéries H. pylori.
Antiacides. Les antiacides (Maalox®, Mylanta®, Gaviscon®, etc.) ne diminuent pas la sécrétion d’acide, mais neutralisent l’acide présent dans l’estomac, ce qui soulage la douleur. Ils prennent plus de temps pour agir que les bloqueurs H2 et les inhibiteurs de la pompe à protons.
Pour traiter l’infection
Des tests sanguins, de selles ou d’haleine et, parfois, une biopsie de la paroi de l’estomac faite lors de la gastroscopie permettront au médecin de savoir s’il y a ou non une infection à la bactérie H. pylori.Antibiotiques. Si l’ulcère est causé par une infection à H. pylori, le médecin prescrit en général 2 antibiotiques pour une période de 7 à 14 jours. Les antibiotiques les plus utilisés sont l’amoxicilline (Amoxil®), la clarithromycine (Biaxin®) et le métronidazole (Flagyl®). On combine souvent les 2 antibiotiques à un autre médicament contre l’acidité (voir ci-dessus) ou même à du bismuth (Pepto-Bismol®), cet antiacide pouvant aussi aider à combattre l’infection. Ce traitement permet d’éradiquer la bactérie et de guérir l’ulcère dans environ 80 % des cas. Si les symptômes reviennent, un second traitement est habituellement recommandé. Malheureusement, même lorsque l’ulcère gastroduodénal est bien guéri, il peut réapparaître quelques mois plus tard (c’est le cas environ 1 fois sur 5)5.
Important. Prendre la médication antibiotique au complet telle que prescrite, même si les symptômes ne sont plus présents. |
En cas d’ulcères causés par les anti-inflammatoires
Le médecin recommandera probablement de cesser de prendre les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Cela suffit généralement à faire disparaître l’ulcère, mais on prescrira habituellement aussi un antihistaminique H2 ou un inhibiteur de la pompe à protons pour quelques semaines.D’autres médicaments moins nocifs pour l’estomac peuvent être utilisés en remplacement des AINS, selon le cas.
Habitudes de vie
En plus de prendre les médicaments, il est également très important de modifier certaines habitudes de vie, par exemple, l’usage de tabac et la consommation d’alcool, qui endommagent la paroi du tube digestif. Il n’y a en général pas de diète bien spéciale à suivre, sauf d’éviter les aliments qui semblent causer une irritation.Le traitement médical de l’ulcère peut nécessiter un régime alimentaire particulier prescrit par le médecin, préconisant, excluant ou limitant certains aliments.
Chirurgie
Seulement en cas d’échec du traitement médicamenteux ou en cas de complications, telles une perforation complète de la paroi digestive par l’ulcère ou une obstruction gastro-intestinale réfractaire aux médicaments, ou une hémorragie grave qui ne répond pas au traitement.Suivi
À la fin du traitement, on peut s’assurer de la cicatrisation de l’ulcère par une endoscopie (visualisation en direct du tube digestif faite au moyen d’un fibroscope).Un traitement d’entretien d’une durée de 4 à 6 mois peut être prescrit pour prévenir l’apparition d’un nouvel ulcère.
References:
1 - https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/ulcere-estomac-duodenum/symptomes-diagnostic
2 - https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-digestifs/gastrite-et-ulc%C3%A8re-gastroduod%C3%A9nal/ulc%C3%A8re-gastroduod%C3%A9nal
3 - https://www.doctissimo.fr/html/dossiers/mal_au_ventre/sa_4348_ulcere_gastro_duodenal.htm
4 -https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=ulcere_gastroduodenal_pm
5 - https://www.snfge.org/content/ulceres-de-lestomac-et-du-duodenum
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